Recommandations de l’OMS concernant les soins prénatals pour que la grossesse soit une expérience positive
L’Organisation mondiale de la Santé a publié en février dernier de nouvelles recommandations visant à définir des normes mondiales de soins à l’intention des femmes enceintes en bonne santé et à limiter les interventions médicales inutiles.
Il est estimé que 140 millions de naissances se produisent chaque année dans le monde. La plupart se déroulent sans complication pour les femmes et pour leur enfant. Cependant, au cours des 20 dernières années, les praticiens ont fait de plus en plus appel à des interventions auparavant destinées à éviter les risques ou à traiter les complications, comme la perfusion d’ocytocine pour accélérer le travail ou les césariennes.
Des interventions inutiles pendant le travail très répandues
Les interventions inutiles pendant le travail sont très répandues, et la France n’échappe pas à ce constat bien que des progrès soient notés dans les résultats de l’Enquête nationale périnatale 2016, rendus public récemment, en comparaison de l’enquête périnatale précédente.
- utilisation d’ocytocine pendant le travail spontané : 44,3 %
- ruptures artificielles des membranes pendant le travail spontané : 41,4 %
- taux d’épisiotomies toutes parités confondues : 20,1 % (34,9 % chez les femmes primipare et 9,8 % chez celles multipares)
L’accouchement est un processus physiologique normal qui peut se dérouler sans complication pour la majorité des femmes et des enfants. Néanmoins, des études ont montré qu’une proportion substantielle des femmes enceintes en bonne santé subit au moins une intervention clinique pendant le travail et l’accouchement. Elles sont également souvent soumises à des interventions systématiques sans nécessité et potentiellement dangereuses.
SI l’OMS prône pour un accouchement dans un environnement sûr, avec l’assistance de personnel qualifié, dans des établissements bien équipés, elle dénonce la médicalisation croissante des processus d’accouchements normaux qui diminue les capacités propres des femmes à accoucher et influe négativement sur leur expérience de l’accouchement.
Les auteurs des recommandations s’accordent à dire que :
lorsque le travail progresse normalement et que la femme et l’enfant se portent bien, ils n’ont pas besoin d’interventions supplémentaires pour accélérer le travail.
Les nouvelles lignes directrices de l’OMS comprennent 56 recommandations élaborées à partir d’éléments factuels décrivant les soins nécessaires tout au long du travail et immédiatement après pour la femme et son enfant. Elles prévoient notamment que la femme
- bénéficie de la compagnie de la personne de son choix pendant le travail et l’accouchement,
- bénéficie de soins respectueux,
- bénéficie d’une bonne communication avec les prestataires de soins et du maintien de l’intimité et de la confidentialité,
- soit autorisée à participer aux décisions concernant la prise en charge de la douleur, les positions à adopter pendant le travail et l’accouchement et le besoin naturel de pousser, entre autres.
Chaque travail est unique et progresse à un rythme différent
Les nouvelles lignes directrices de l’OMS reconnaissent que chaque travail et chaque accouchement sont uniques et que la durée de la première phase active de travail varie d’une femme à l’autre. Dans le cas d’un premier accouchement, le travail ne se prolonge habituellement pas au delà de 12 heures. Lors des accouchements ultérieurs, il ne dure généralement pas plus de 10 heures.
Une vitesse de dilatation du col de 1 cm/heure pendant la première phase active du travail peut être irréaliste pour certaines femme
Pour limiter les interventions médicales inutiles, l’OMS estime que la précédente valeur de référence pour la vitesse de dilatation du col de 1 cm/heure pendant la première phase active du travail (telle qu’évaluée par un partogramme) peut être irréaliste pour certaines femmes et ne permet pas d’identifier correctement celles exposées à un risque d’issue défavorable de la grossesse. La directive souligne que la seule donnée d’une vitesse de dilatation du col inférieure à ce seuil ne doit pas être considérée comme une indication systématique pour des interventions destinées à accélérer le travail ou l’accouchement.
La participation des femmes à la prise des décisions relatives aux soins qu’elles reçoivent est importante pour assurer une expérience positive de l’accouchement
«De nombreuses femmes souhaitent accoucher de façon naturelle et préfèrent se fier à leur corps pour donner naissance à leur enfant, sans l’aide d’interventions médicales», indique Ian Askew, Directeur du Département Santé reproductive et recherche de l’OMS. «Même si une intervention médicale est souhaitée ou nécessaire, la participation des femmes à la prise des décisions relatives aux soins qu’elles reçoivent est importante pour s’assurer que ces soins remplissent leur objectif d’assurer in fine une expérience positive de l’accouchement».
Des soins de qualité pour toutes les femmes implique d’obtenir les meilleures issues possibles sur les plans physique, affectif et psychologique pour la femme et son enfant. Cela suppose un modèle de soins dans lequel les systèmes de santé accordent aux femmes plus de pouvoir de décision pour bénéficier des soins destinés principalement à la mère et à l’enfant.
Les professionnels de santé devront indiquer aux femmes enceintes que la durée du travail varie dans une large mesure d’une femme à l’autre. Si la plupart des femmes souhaitent un travail et un accouchement naturels, elles reconnaissent aussi que leur déroulement peut être imprédictible et risqué et qu’une surveillance étroite et parfois des interventions médicales sont nécessaires. Et même lorsque ces interventions sont indispensables ou désirées, elles ont habituellement envie de conserver une impression d’accomplissement et de contrôle personnels en étant impliquées dans la prise de décisions et en partageant la même chambre que leur enfant après la naissance.
- Les recommandations de l’OMS concernant les soins prénatals pour que la grossesse soit une expérience positive
- Le résumé d’orientation
Comments are closed