Marion

Après la série spéciale démontrant le rôle essentiel des sages-femmes auprès des femmes enceintes et nouvellement accouchées, cette étude parue dans la revue The Lancet en 2016, met en évidence le bénéfice de l’allaitement maternel sur la santé maternelle et infantile, dans les pays riches comme les pays à ressources limitées.

L’étude internationale, fondée sur l’analyse de données agrégées recueillies dans 164 pays, concluait que généraliser l’allaitement maternel pourrait éviter dans le monde, chaque année, la mort de 823.000 enfants de moins de 5 ans. En outre, l’allaitement maternel préviendrait la survenue de certaines pathologies infantiles et réduirait de 20.000 cas le nombre annuel de décès par cancer du sein. Il aurait un effet protecteur contre le cancer de l’ovaire

La méta-analyse conforte les recommandations de l’OMS, qui préconise un allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, puis un allaitement partiel jusqu’à 2 ans [2].

Les conclusions de l’étude mettent en lumière l’intérêt d’encourager les femmes à allaiter tant dans les pays en développement que dans les pays du Nord ou pays développés. En effet, selon Cesar Victora, un des co-auteurs de l’étude, le faible taux d’allaitement maternel n’est pas qu’une problématique des pays aux ressources limitées. « L’allaitement maternel sauve des vies et diminue les coûts dans tous les pays ».

Selon l’étude, « un peu plus d’un enfant sur cinq seulement est allaité au sein jusqu’à 12 mois dans les pays aux revenus élevés, alors qu’ils le sont quasiment tous dans les pays à ressources faibles ou moyennes. Pour autant, dans ces derniers, seul un enfant sur trois est nourri exclusivement au sein jusqu’à 6 mois. Au-delà de 20 mois, quatre enfants sur dix ne reçoivent plus de lait maternel dans les pays à bas revenus, et plus de huit sur dix dans ceux à hauts revenus ».

Dans les pays développés, le taux d’allaitement maternel des enfants d’un an est de 0,5% au Royaume-Uni, 2% en Irlande et 3% au Danemark. Au Japon le taux de femmes qui allaitent est de 60%, 35% en Norvège, 34% en Finlande, 27% aux Etats-Unis et 23% en Espagne ou en Allemagne.

En France, les chiffres tirés de l’enquête EPIFANE et menée auprès de 3 500 nourrissons nés entre le 16 janvier et le 5 avril 2012 dans 140 maternités françaises montrait que :

  • plus de deux tiers des nourrissons (69,1 %) étaient allaités à la maternité (60 % de façon exclusive, et 9 % en association avec du lait artificiel),
  • mais ils ne sont plus que la moitié (54 %) à être allaités un mois plus tard, dont seulement 35 % de façon exclusive

Les résultats de l’enquête Elfe, la même année, portant sur plus de 18 000 nourrissons nés tout au long de l’année 2011 dans un échantillon aléatoire de maternités de France métropolitaine montrait que

  • Plus des deux-tiers des nourrissons (70,5 %) recevaient du lait maternel à la maternité (59,0 % de façon exclusive,
  • 11,5 % en association avec des préparations pour nourrissons.

Les enjeux sanitaires que soulignent les résultats de cette méta-analyse du Lancet sont considérables quels que soient les pays. Dans les pays pauvres, le risque de mortalité, dans les 6 premiers mois, est 8 fois inférieur lorsque les nourrissons bénéficient d’un allaitement maternel exclusif, par rapport à ceux qui en sont nourris uniquement au biberon. L’allaitement éviterait la moitié des épisodes de diarrhée et un tiers des infections respiratoires.

Dans les pays riches, bien que la mortalité infantile soit beaucoup plus faible, l’allaitement réduit le risque de survenue d’une mort subite du nourrisson, d’une entérocolite ulcéro-nécrosante (36% et 58% respectivement). Le lait maternel assurant une protection «probable» contre le surpoids, l’obésité ou le diabète, serait un facteur favorisant une bonne santé des enfants.

Pour en savoir plus

[1] La série spéciale du Lancet sur l’allaitement
[2] http://www.who.int/topics/breastfeeding/fr/

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