Ce que veulent les femme pour elles-mêmes et avec le monde médical

Collection l’Harmattan : Pratique sage-femme/Sciences-Maïeutique

Ce livre est le troisième ouvrage de la collection l’Harmattan «  Pratique sage-femme : revues scientifiques ou professionnelles »

La thématique centrale de cet ouvrage porte sur la naissance physiologique, sur la grossesse et l’accouchement comme relevant d’abord de la normalité pour toute femme enceinte, un point de vue bien différent de l’approche médicale prédominante, centrée sur la pathologie et le risque 

Dans cet esprit, un grand entretien ouvre la revue. L’éminente historienne de la naissance, Yvonne Knibiehler, interrogée par une sage-femme, Claudine Schalck, plaide pour un humanisme féminin et que cesse le rapport de pouvoir entretenu, au prétexte de science, par les institutions médicales, au risque d’une approche patriarcale de la grossesse et de la naissance.

Suit un article de Claudine Schalck et de Christine Morin concernant les définitions de l’accouchement naturel, normal, physiologique et eutocique. Il met en évidence un enjeu de savoir et de pouvoir qui concerne en premier lieu l’activité des professionnels auprès des femmes, suivant des conceptions plus ou moins médicalisées de la naissance. Et sans rien dire vraiment de ce que les femmes attendent elles-mêmes des professionnels lorsqu’elles demandent à vivre un « accouchement physiologique. » L’article de Raymonde Gagnon et d’Emmanuelle Lemaire croise deux regards et deux expériences, en France et au Québec, quant à cette question et quant à la réponse apportée par les sages-femmes dont le statut est plus autonome au Québec, et avec des moyens, telles les maisons de naissance, qui tardent à se développer en France.       

La contribution d’Aurore Viard-Crétat, pour le CIANE (Collectif Interassociatif Autour de la NaissancE), explore cette perspective du point de vue des femmes. Elles veulent être « l’actrice principale » de la mise au monde de leur enfant par cette expérience unique et intime qui « réclame en miroir un changement de posture  des professionnels. » Et que soit rétablie la femme enceinte au centre de tout un processus naturel de la grossesse et de l’accouchement, avec des approches plus justes, à l’écoute des femmes et de leur vécu d’enfantement. Il s’agit de « sortir des routines et des protocoles » et de promouvoir le dialogue autour du projet de naissance.

L’article suivant, sur le projet de naissance, décrit cette démarche, parfois mal accueillie par « les équipes hospitalières », voire suscitant des « appréhensions » chez les sages-femmes. Qu’en est-il des craintes à ce sujet ? Delphine Durfort et Françoise Nguyen en démontrent le caractère positif, au plus près des demandes des femmes.

Michel Odent, célèbre obstétricien, clôt l’ensemble, en mettant en valeur les capacités physiologiques propres aux femmes enceintes, masquées par les effets de millénaires de tradition et de conditionnement. Il rappelle le rôle du « cocktail d’hormones de l’amour », système hormonal particulier propre à la grossesse et l’accouchement, pour conclure, avec optimisme, par un hymne au corps de la femme, de la mère.

Ainsi ces contributions sont-elles complémentaires. Elles décrivent, par des approches différentes, la même nécessité, que les femmes attendent depuis longtemps, et que les sages-femmes ne peuvent qu’approuver : mettre la femme et son bébé en devenir, puis combien réel, au centre du dispositif mis en place pour la naissance, grâce à une alliance respectueuse de toutes les personnes impliquées dans l’événement de la mise au monde. 

Décidément,  il s’agit d’un hymne à la vie.   

Caroline Brochet, présidente de l’APSF

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